3 Novembre 2022
Ce dossier pédagogique permet d'appréhender les origines de l’Orientalisme ainsi que les différentes significations et formes d’expressions rencontrées au fil du temps. L’Orientalisme n’est pas une école ou un mouvement artistique mais davantage un genre artistique défini dans les premières décennies du XIXe siècle autour d’une certaine vision de l’Orient. (D'après http://www.musba-bordeaux.fr/)
La femme orientale dans la peinture du XIXe siècle
Accueil Découvrez toutes nos études La femme orientale dans la peinture du XIXe siècle Date de création : XIXe siècle Date représentée : XIXe siècle Femme juive de la province d'Alger Date ...
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L'orientalisme Le service éducatif du musée Fabre de Montpellier retrace dans ce document l'histoire du courant courant orientaliste depuis sa naissance dans l'Italie du XVIe s. jusqu'au XIXe s. où il devient un genre académique. (d'après http://museefabre.montpellier-agglo.com)
Le Dôme central à l'exposition universelle de 1889
Accueil Découvrez toutes nos études Le Dôme central à l'exposition universelle de 1889 Le dôme central de la galerie des machines à l'exposition universelle de 1889 Date de publication : Sept...
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Le Musée d'Orsay propose une une série « Orsay en mouvements » tournée au sein des collections du musée. Cette courte vidéo présente l'orientalisme, mouvement artistique du XIXe siècle.
De la campagne d'Égypte à la conquête de l'Algérie en passant par la guerre de libération grecque, de Delacroix à Renoir, cette fiche de visite réalisée par le musée d'Orsay présente cette «préoccupation générale» du XIXe s. Des orientations pédagogiques sont données pour construire une séquence de cours centrée sur une visite qui s'inscrit selon le niveau des élèves dans une démarche de découverte du monde, une réflexion sur le voyage et l'ailleurs et plus largement l'opposition rêve réalité, avec une articulation possible avec l'étude du romantisme littéraire. Des oeuvres de techniques diverses (peinture, sculpture, photographie, plus rarement objets d'art) et de genres variés, relevant de plusieurs courants artistiques, permettent d'approcher l'ensemble des arts visuels de la période 1848-1914 de manière transverse.
https://www.musee-orsay.fr/sites/default/files/2020-12/fiche_visite_orientalisme.pdf
1 - Marco Polo, Le Devisement du monde, 1298
2 - Lettre d'Ampère à Sainte-Beuve, "Une course dans l'Asie Mineure", Revue des Deux-Mondes, 15 janvier 1842
3 - Maxime Du Camp, Souvenirs et paysages d'Orient, 1848
4 - Comtesse de Gasparin, Journal d'un voyage au Levant, préface de la première édition, 1850
5 - Flaubert, Voyage en Orient, publié en 1948
6 - Comtesse de Gasparin, À Constantinople, 1867
7 - Nerval, Voyage en Orient, 1851
8 - Lamartine, Clair de Lune, 1835
L'Orient des photographes
Eugène Fromentin | |
Ce peuple est doux, soumis, d'humeur facile, aisé à conduire, incroyablement gai dans sa misère et son asservissement. Il rit de tout. Jamais en colère. Il élève la voix, ou crie, ou gesticule, on les croit furieux, ils rient. Leurs masques mobiles, leurs yeux bridés, leurs narines émues, leur bouche toujours entrouverte, large, fendue, leurs dents magnifiques, sont faits, on dirait, pour exprimer tous les mouvements de la gaieté, de l'insouciance, de la joie tranquille. Forcément et naturellement mendiants, le mot de bakchich résume tout leur vocabulaire usuel, et le geste de tendre la main presque toute leur pantomime. Demander, insister, vous poursuivre en répétant bakchich, bakchich, kéfir, attendre qu'on leur donne, demander de nouveau quand on a donné, rien ne leur coûte. Leur patience est extraordinaire, leur indiscrétion n'a pas de bornes, aucun scrupule, nul respect humain. Passe encore pour les enfants, mais de grands garçons, des désœuvrés, un flâneur passe : bakchich. Les vieillards jamais, à moins que ce ne soient visiblement des infirmes, des aveugles, des mendiants. Les filles ont au suprême degré l'instinct de la mendicité. On refuse, on les chasse. Survient un cawas qui les bâtonne, elles se sauvent à toutes jambes et se mettent à rire. À propos de rien, un cawas bouscule un nègre, grand garçon de vingt ans passés, celui-ci regimbe. Une claque, le nègre reste coi ; deux gifles terribles, il tourne sur lui-même, ne sachant s'il doit rire ou se révolter. Il prend le parti de rire ; on lui jette un fardeau sur le dos, il l'empoigne, fait sa corvée ; le cawas n'y pense plus, le nègre non plus. Son noir visage n'a pas gardé trace du soufflet, et tout est dit. Ces cawas sont d'ignobles drôles. Voyage en Égypte, 1935 |
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Comtesse de Gasparin | |
L'auteur, en écrivant ces trois gros volumes, avait un but... il en avait même deux : faire partager à ses amis les vives jouissances qu'il éprouvait lui-même ; désennuyer honnêtement son prochain. Journal d'un voyage au Levant, Les femmes ne lavent guère leurs hardes, elles mériteraient encore aujourd'hui l'allocution de Minerve à la belle Nausicaa. Journal d'un voyage au Levant, Comme on voyage en fait, et non en peinture, on ne saurait trop s'aider en Grèce des secours de la civilisation. Journal d'un voyage au Levant, Je n'ai pas de mots, non je n'en ai pas pour rendre ce que j'ai vu : c'est la Cour des Miracles, et ce sont les truands ; – dans l'église du Saint-Sépulcre, avec le tombeau du Christ au milieu ! Journal d'un voyage au Levant Ah ! qu'ils ne viennent point ici, les gens au regard court, dont l'œil incessamment ouvert sur les proses de l'aspect se fait aveugle pour l'idéal. Ceux-là, pas une tache de boue ne leur échappe ; ils comptent les fêlures de la vitre ; la moisissure sort pour eux des murailles ; mille objets repoussants s'échelonnent sur leur chemin ; les chiens leur aboient aux jambes, des loques sordides se frottent à leurs habits, les vers ont rongé la pelisse de ce Tartare, le caftan de ce Turc est usé jusqu'à la corde, des fardeaux incommodes bousculent les passants, l'odorat souffre, la vue pâtit ; qui niera la réalité de ces faits enregistrés avec un grognement de plaisir ? Pas moi. Seulement, tandis qu'ils vont ainsi le nez dans toutes les fanges, nous marchons la tête mieux levée ; ce qui nous apparaît, c'est la poésie et c'est l'idéal. Non, l'idéal ne ment pas ; non, la poésie n'est point une aventurière aux parures de clinquant ; ses bijoux sont de fin or, et les beautés que l'idéal nous révèle existent bien positivement. À Constantinople, 1867 Tandis qu'on enregistre les bagages, tout s'entasse dans le caravansérail. Nous avons près de nous une Arménienne, pâle, un peu grasse, figure à la Paul Véronèse, qui tient un petit enfant dans ses bras. L'expression est modeste, les longues paupières restent abattues, une dignité tempérée de langueur règne dans l'attitude, les sourcils abondants et peints se séparent en deux arcs épais, le menton garde quelque mollesse, le visage a trop de rondeur, cette carnation est trop flasque, on se sent en présence d'un ordre de beauté très différent de nos idées, pourtant il faut l'admirer ; et pendant que la jeune mère allaite son enfant comme ferait une madone, on contemple ce cou blanc et plein qui s'épanouit sans voile ; huit rangs de perles s'enroulent sur la poitrine ; les bras ronds portent de larges bracelets ; des anneaux constellés de turquoises, de rubis et de diamants ornent les doigts effilés ; une veste de soie rose laisse flotter des manches de gaze, les cheveux ondulés se tordent sous le mouchoir de soie à fanfreluches. L'Arménienne reste immobile ; son petit garçon, les joues rebondies, la chevelure ébouriffée, pris tout d'une pièce dans son vêtement brodé d'or et d'argent, s'accoude aux genoux de la mère ; de l'autre côté, la sœur appuie un visage blême où brillent de grands yeux noirs sur sa main fluette ; et le mari, un homme jeune, mince, au nez droit, au long profil, erre autour des siens, enveloppé d'un caftan amarante que double une épaisse fourrure d'astrakan, par quarante degrés de chaleur... À Constantinople, 1867 Foules de Stamboul. À Constantinople, 1867 |
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Théophile Gautier | |
Cette vue est si étrangement belle, que l'on doute de sa réalité. On croirait avoir devant soi une de ces toiles d'opéra faites pour la décoration de quelque féerie d'Orient et baignées, par la fantaisie du peintre et le rayonnement des rampes de gaz, des impossibles lueurs de l'apothéose. Le palais de Seraï-Bournou avec ses toits chinois, ses murailles blanches crénelées, ses kiosques treillagés, ses jardins de cyprès, de pins parasols, de sycomores et de platanes ; la mosquée du sultan Achmet, arrondissant sa coupole entre ses six minarets pareils à des mâts d'ivoire ; Sainte-Sophie, élevant son dôme byzantin sur d'épais contreforts rayés transversalement d'assises blanches et roses, et flanquée de quatre minarets ; la mosquée de Bayezid, sur laquelle planent comme un nuage des bouffées de colombes ; Yeni-Djami ; la tour du Séraskier, immense colonne creuse qui porte à son chapiteau un stylite perpétuel guettant l'incendie à tous les points de l'horizon ; la Suléimanieh avec son élégance arabe, son dôme pareil à un casque d'acier, se dessinent en traits de lumière sur un fond de teintes bleuâtres, nacrées, opalines, d'une inconcevable finesse, et forment un tableau qui semble plutôt appartenir aux mirages de la fata Morgana qu'à la prosaïque réalité. L'eau argentée de la Corne d'Or reflète ces splendeurs dans son miroir tremblant, et ajoute encore à la magie du spectacle ; des vaisseaux à l'ancre, des barques turques carguant leurs voiles ouvertes comme des ailes d'oiseaux, servent, par leurs tons vigoureux et les noires hachures de leurs agrès, de repoussoirs à ce fond de vapeur à travers laquelle s'ébauche avec les couleurs du rêve la ville de Constantin et de Mahomet Il. Constantinople, 1853 C'est dans ces miradores que les femmes de la classe aisée de Malte passent leur vie, guettant le moindre souffle de la brise de mer, ou affaissées sous les énervantes influences du sirocco. On aperçoit de la rue leur bras blanc accoudé, et l'on voit briller le coin de leur noire prunelle, ce qui vous distrait agréablement de vos contemplations architecturales. – Les Maltaises, chose rare parmi les femmes qui se laissent diriger dans leur toilette plutôt par la mode que par le goût, ont eu le bon esprit de conserver leur costume national, du moins dans la rue. Ce vêtement, appelé faldetta, consiste en une espèce de jupon d'une coupe particulière et dont on s'encapuchonne en élargissant ou en rétrécissant l'ouverture, maintenue par une petite baguette de baleine, selon que l'on veut plus ou moins laisser voir son visage. Constantinople, 1853 Vivier, qui est descendu avec moi, déclare sentir le besoin de civiliser cette île sauvage et d'apprendre aux naturels la véritable manière de faire des bulles de savon remplies de fumée de tabac, perfectionnement qu'ils ne paraissent pas soupçonner, si l'on doit s'en rapporter à leur physionomie. Nous entrons dans un café, où Vivier demande avec un flegme imperturbable de l'eau, du savon, du papier et une pipe. Cette demande surprend un peu le cafetier, qui se dit en lui-même : "Ce voyageur est propre, il désire se laver les mains", et apporte innocemment tout ce qui est nécessaire à la confection des bulles. À la première bulle qui s'échappe du tube, opalisée par la fumée blanche insufflée dans sa frêle enveloppe, la surprise arrête la tasse de café sur la lèvre des consommateurs. Un autre globe transparent et muni, comme un ballon, d'un parachute opaque, monte à son tour dans l'air et balance au soleil tous les reflets du prisme ; alors l'admiration n'a plus de bornes : un grand cercle se forme et suit avec intérêt les bulles voltigeantes. Quand l'enthousiasme est assez surexcité, Vivier, qui sait ménager ses effets, vide les blouses du billard et lance sur le drap vert, comme pour remplacer les boules d'ivoire, un nombre égal de bulles carambolant et roulant au moindre souffle. Constantinople, 1853 |
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Alphonse de Lamartine | |
Ce soir, par un clair de lune splendide qui se réverbérait sur la mer de Marmara et jusque sur les lignes violettes des neiges éternelles du mont Olympe, je me suis assis seul sous les cyprès de l'échelle des morts, ces cyprès qui ombragent les innombrables tombeaux des musulmans, et qui descendent des hauteurs de Péra jusqu'aux bords de la mer ; ils sont entrecoupés de quelques sentiers plus ou moins rapides, qui montent du port de Constantinople à la mosquée des derviches tourneurs. Personne n'y passait à cette heure, et l'on se serait cru à cent lieues d'une grande ville, si les mille bruits du soir, apportés par le vent, n'étaient venus mourir dans les rameaux frémissants des cyprès. Tous ces bruits, affaiblis déjà par l'heure avancée ; chants de matelots sur les navires, coups de rames des caïques dans les eaux, sons des instruments sauvages des Bulgares, tambours des casernes et des arsenaux ; voix de femmes qui chantent, pour endormir leurs enfants, à leurs fenêtres grillées ; longs murmures des rues populeuses et des bazars de Galata ; de temps en temps le cri des muezzins du haut des minarets, ou un coup de canon, signal de la retraite, qui partait de la flotte mouillée à l'entrée du Bosphore, et venait, répercuté par les mosquées sonores et par les collines, s'engouffrer dans le bassin de la Corne d'Or, et retentir sous les saules paisibles des eaux douces d'Europe ; tous ces bruits, dis-je, se fondaient par instants dans un seul bourdonnement sourd et indécis, et formaient comme une harmonieuse musique où les bruits humains, la respiration étouffée d'une grande ville qui s'endort, se mêlaient, sans qu'on pût les distinguer, avec les bruits de la nature, le retentissement lointain des vagues, et les bouffées du vent qui courbaient les cimes aiguës des cyprès. C'est une de ces impressions les plus infinies et les plus pesantes qu'une âme poétique puisse supporter. Tout s'y mêle, l'homme et Dieu, la nature et la société, l'agitation intérieure et le repos mélancolique de la pensée. On ne sait si on participe davantage de ce grand mouvement d'êtres animés qui jouissent ou qui souffrent dans ce tumulte de voix qui s'élèvent, ou de cette paix nocturne des éléments qui murmurent aussi, et enlèvent l'âme au-dessus des villes et des empires, dans la sympathie de la nature de Dieu. Clair de lune, 1835 Mademoiselle Malagamba a ce genre de beauté que l'on ne peut guère rencontrer que dans l'Orient : la forme accomplie, comme elle l'est dans la statue grecque ; l'âme révélée dans le regard, comme elle l'est dans les races du Midi ; et la simplicité dans l'expression, comme elle n'existe plus que chez les peuples primitifs, quand ces trois conditions de la beauté se rencontrent dans une seule figure de femme, et s'harmonisent sur un visage avec la première fleur de l'adolescence ; quand la pensée rêveuse et errante dans le regard éclaire doucement, de ses rayons humides, des yeux qui se laissent lire jusqu'au fond de l'âme, parce que l'innocence ne soupçonne rien à voiler ; quand la délicatesse des contours, la pureté virginale des lignes, l'élégance et la souplesse des formes, révèlent à l'œil cette voluptueuse sensibilité de l'être né pour aimer, et mêlent tellement l'âme et les sens, qu'on ne sait, en regardant, si l'on sent ou si l'on admire : alors la beauté est complète, et l'on éprouve à son aspect cette complète satisfaction des sens et du cœur, cette harmonie de jouissance qui n'est pas ce que nous appelons l'amour, mais qui est l'amour de l'intelligence, l'amour de l'artiste, l'amour du génie pour une œuvre parfaite. On se dit : il fait bon ici ; et l'on ne peut s'arracher de cette place où l'on vient de s'asseoir tout à l'heure avec indifférence, tant le beau est la lumière de l'esprit et l'invincible attrait du cœur.Voyage en Orient, 1835 |
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Pierre Loti | |
Et vite, après ce dîner, un cheval de louage, pour m'enfuir... Constantinople, Les Capitales du monde, 1892 Au-dessus de nos têtes, sur ces hauteurs qui nous dominent, le Péra cosmopolite va commencer d'éclairer ses grandes boutiques européennes aux étalages copiés sur ceux de Londres ou de Paris, et continuera, aux lumières, son va-et-vient de voitures, à la façon d'Occident. Le soir, au lieu de calmer là-haut l'agitation incessante de la vie, va l'exaspérer plutôt, à la lueur du gaz. Empressements de touristes revenant de leurs excursions du jour, et se hâtant, avant la nuit tombée, de regagner le bercail rassurant, la table d'hôte servie à l'anglaise, la rue où l'on se sent comme en Europe ; extravagances de toilettes, risquées par des Levantines aux grands yeux lourds, qui auraient été si jolies vêtues en Grecques, en Arméniennes ou en juives. Et, dans cet amusant pêle-mêle, la note d'Orient donnée quand même par beaucoup de fez rouges qui circulent, par des équipes de portefaix aux costumes bariolés de broderies qui remontent de la ville basse, des rues plus orientales d'en dessous, ou bien encore – comme on est là très haut au-dessus de la mer – par des échappées de lointain apparaissant entre les banales maisons à plusieurs étages : un peu de Marmara au bleu assombri, un peu de la côte d'Asie perdue dans le crépuscule... Constantinople, Les Capitales du monde, 1892 La passivité, la douce endurance semblent les caractéristiques de cette race inoffensive, élégante d'allure sous ses haillons, mystérieuse dans son immobilité millénaire, et capable d'accepter avec la même indifférence tous les jougs qui passent. Pauvre belle race aux muscles infatigables, où les hommes, qui remuèrent jadis les grandes pierres des temples, ne connaissaient point de fardeaux trop lourds ; où les femmes, avec leurs bras graciles, pâlement basanés, avec leurs mains toutes petites, dépassent de beaucoup en force nos plus massives paysannes. Pauvre belle race de bronze ! Sans doute elle fut trop précoce et donna trop jeune son étonnante fleur, en des temps où, sur la terre, les autres humanités végétaient obscurément encore ; sans doute sa résignation présente lui est venue comme une lassitude, après tant de siècles d'effort et d'expansive puissance. Elle détenait jadis la lumière du monde, et la voici tombée depuis plus de deux mille ans à cette sorte de sommeil fatigué, qui a rendu la tâche facile aux conquérants d'autrefois comme aux exploiteurs d'aujourd'hui... La Mort de Philae, 1908 |
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Gérard de Nerval | |
Parmi les riches costumes arabes et turcs que la réforme épargne, l'habit mystérieux des femmes donne à la foule qui remplit les rues l'aspect joyeux d'un bal masqué ; la teinte des dominos varie seulement du bleu au noir. Les grandes dames voilent leur taille sous le habbarah de taffetas léger, tandis que les femmes du peuple se drapent gracieusement dans une simple tunique bleue de laine ou de coton (khamiss), comme des statues antiques. L'imagination trouve son compte à cet incognito des visages féminins, qui ne s'étend pas à tous leurs charmes. De belles mains ornées de bagues talismaniques et de bracelets d'argent, quelquefois des bras de marbre pâle s'échappant tout entiers de leurs larges manches relevées au-dessus de l'épaule, des pieds nus chargés d'anneaux que la babouche abandonne à chaque pas, et dont les chevilles résonnent d'un bruit argentin, voilà ce qu'il est permis d'admirer, de deviner, de surprendre, sans que la foule s'en inquiète ou que la femme elle-même semble le remarquer. Parfois les plis flottants du voile quadrillé de blanc et de bleu qui couvre la tête et les épaules se dérangent un peu, et l'éclaircie qui se manifeste entre ce vêtement et le masque allongé qu'on appelle borghot laisse voir une tempe gracieuse où des cheveux bruns se tortillent en boucles serrées, comme dans les bustes de Cléopâtre, une oreille petite et ferme secouant sur le col et la joue des grappes de sequins d'or ou quelque plaque ouvragée de turquoises et de filigrane d'argent. Alors on sent le besoin d'interroger les yeux de l'Égyptienne voilée, et c'est là le plus dangereux. Le masque est composé d'une pièce de crin noir étroite et longue qui descend de la tête aux pieds, et qui est percée de deux trous comme la cagoule d'un pénitent ; quelques annelets brillants sont enfilés dans l'intervalle qui joint le front à la barbe du masque, et c'est derrière ce rempart que des yeux ardents vous attendent, armés de toutes les séductions qu'ils peuvent emprunter à l'art. Le sourcil, l'orbite de l'œil, la paupière même, en dedans des cils, sont avivés par la teinture, et il est impossible de mieux faire valoir le peu de sa personne qu'une femme a le droit de faire voir ici. J'interromps ici mon itinéraire, je veux dire ce relevé, jour par jour, heure par heure, d'impressions locales, qui n'ont de mérite qu'une minutieuse réalité. Il y a des moments où la vie multiplie ses pulsations en dépit des lois du temps, comme une horloge folle dont la chaîne est brisée ; d'autres où tout se traîne en sensations inappréciables ou peu dignes d'être notées. Te parlerai-je de mes pérégrinations dans la montagne, parmi des lieux qui n'offriraient qu'une topographie aride, au milieu d'hommes dont la physionomie ne peut être saisie qu'à la longue, et dont l'attitude grave, la vie uniforme, prêtent beaucoup moins au pittoresque que les populations bruyantes et contrastées des villes ? Il me semble, depuis quelque temps, que je vis dans un siècle d'autrefois ressuscité par magie ; l'âge féodal m'entoure avec ses institutions immobiles comme la pierre du donjon qui les a gardées. Scènes de la vie orientale. II. Les femmes du Liban, 1850 Stamboul, illuminée, brillait au loin sur l'horizon, devenu plus obscur, et son profil aux mille courbes gracieuses se prononçait avec netteté, rappelant ces dessins piqués d'épingles que les enfants promènent devant les lumières. Il était trop tard pour s'y rendre, car, à partir du coucher du soleil, on ne peut plus traverser le golfe. "Convenez, me dit le vieillard, que Constantinople est le véritable séjour de la liberté. Vous allez vous en convaincre mieux tout à l'heure. Pourvu qu'on respecte les chiens, chose prudente d'ailleurs, et qu'on allume sa lanterne quand le soleil est couché, on est aussi libre ici toute la nuit qu'on l'est à Londres... et qu'on l'est peu à Paris !" Voyage en Orient, 1851 |
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Marco Polo | |
Le livre du Grand Khan de Chine et la description des grandes merveilles de l'Inde. Le Devisement du monde, 1298 |
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Jan Potocki | |
Vous serez peut-être étonnés d'apprendre que dans le grand nombre de voyageurs qui abordent en cette ville il en soit très peu qui puissent en rapporter des idées un peu exactes. Rien cependant n'est plus vrai : les plus observateurs ont épuisé leur curiosité à visiter les monuments de la Grèce et n'envisagent les Turcs que comme les destructeurs des objets de leur culte. Ils arrivent pleins de cette idée, se logent dans le quartier des Francs et daignent à peine traverser une fois le port pour aller voir la mosquée de Sainte-Sophie et revenir chez eux. Voyages en Turquie et en Égypte faits en l'année 1794 |
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Alexis de Valon | |
Sur le devant de sa boutique, au milieu de son petit étalage, un vieux Turc à longue barbe, immobile comme un mannequin, est accroupi fumant alternativement sa pipe et mangeant des concombres verts. Dans un coin, près d'un réchaud allumé est assis un enfant qui prépare le café de son maître. Loin de vous appeler, de vous vanter ses marchandises, le vieux Turc se renferme dans le mutisme le plus complet et ne paraît prendre aucun souci de son négoce. Votre interprète lui demande-t-il s'il possède tel ou tel objet que vous désirez : il répond soit en fermant les yeux à demi et en faisant claquer sa langue contre son palais, signe négatif par excellence dans tout le Levant, soit par un imperceptible mouvement d'épaules qui veut dire : je n'en sais rien, cherchez. On fouille sa boutique, on ouvre ses tiroirs sans que le plus souvent il daigne même tourner la tête. Quand rien ne vous convient, vous le laissez impassible au milieu de sa boutique bouleversée. Si au contraire vous lui faites demander le prix d'une arme ou d'une paire de pantoufles, il énonce d'une voix gutturale un chiffre qui est ordinairement le double de celui qu'il veut avoir ; vous lui en offrez la moitié, il tend la main, prend votre argent, et souffle par le nez une bouffée de fumée. L'enfant remet toutes choses en ordre, se rassoit auprès du réchaud, et le marchand reprend son éternelle contemplation. Une année dans le Levant, 184 |
Date de publication : Mars 2016 Auteur : Fleur SIOUFFI Objet de curiosités et de fantasmes au XVIIe siècle et surtout au XVIIIe siècle, l'Orient devient " une préoccupation générale "(Victor ...
Après avoir constitué pendant plusieurs siècles une formidable source d’imagination pour les artistes en quête de sujets exotiques, l’Orient éveille en eux une curiosité ethnographique à partir du milieu du XIXe siècle. C'est ce que propose de nous montrer le site "L'Histoire par l'image" à travers l'étude d'oeuvres d'artistes tels que Gustave Guillaumet, Eugène Fromentin ou Léon Belly. L'étude comporte trois parties : - le contexte historique qui permet de situer l'époque dans laquelle s'inscrit l'oeuvre, - l'analyse de l'image décrit l'oeuvre et dégage la signification des éléments offerts au regard de l'observateur, - l'interprétation met en évidence l'apport historique de l'image. (d'après www.histoire-image.fr)
Ce site évoque les contacts entre l'Orient et la France du XVIIe siècle au début du XXe siècle et l'influence artistique qui en découle. Il n'y a cependant pas à proprement parler d'école orientaliste, car le lien entre les œuvres se fait davantage par l'iconographie que par le style. (D'après http://www.alienor.org)